J’ai relevé le plus grand défi de ma vie.



À l’exception de la naissance de mon garçon, en fin de semaine j’ai probablement vécu mes plus grandes émotions. Je sais que pour certaine personne ce que j’appelle le plus grand défi de ma vie n’est qu’un triathlon olympique. Mais pour moi, j’ai fait mon championnat du monde car le 27 juin 2013 je décidais de prendre ma vie en main alors que j’étais un obèse morbide de plus de 450lbs et quasi sédentaire. De plus, j’ai participé à mon premier triathlon distance découverte, le 28 juin 2015.

Ma préparation pour le 5i50 du mont Tremblant à débuté cet hiver. Je me suis entrainé très fort, car cette course était mon grand défi pour l’année 2016. Est-ce que j’étais bien préparé? Est-ce que j’aurais pu l’être plus? Je ne le sais pas, mais j’ai appris beaucoup sur moi durant cette préparation.

Donc, je suis arrivé à Tremblant vendredi midi, car j’avais hâte d’être dans la fête. J’avais tellement entendu parler de l’ambiance de cet événement que dès mon arrivée, j’aurais laissé ma voiture en plein centre de la rue pour aller vivre cette folie au plus vite. Comme je n’étais jamais allé au mont Tremblant, tout était nouveau pour moi.

Dès mon arrivée, l’ambiance était magique. Je savais que j’allais vivre quelque chose de spécial, voir grandiose. Je pars donc immédiatement chercher mon kit de course, car j’ai un horaire très chargé. Je veux voir le lac, les transitions, je veux aller rouler Duplessis et je veux faire une petite course pour activer mes jambes. Évidement, je n’ai pas prévu le temps d’attente et aussi la rencontre de plein d’amis, donc je jase un peu. Je décide donc qu’il n’y aura pas de nage, car je dois absolument voir la fameuse côte.

Je remonte au stationnement pour partir en vélo de là. Il est situé à 2 kilomètres du départ. Ces 2 kilomètres je ne les ferais pas. Je les ai vu en auto et en autobus. Je pars dans l’idée de faire entre 20-25 minutes. C’est plaisant, ça commence par une bonne descente. Ça me met déjà en confiance. Puis arrive la première, la deuxième et la troisième côte. Ouin, c’est vrai qu’il y a de la côte. Je suis maintenant dans une descente et je sens un insecte me frapper la tête. Il est possiblement passé par un trou dans mon casque. Je me frotte la tête et qu’est-ce que je me rends compte? Je suis tellement stressé, nerveux, énervé, … je suis parti sans mon casque. J’ai seulement ma casquette sur la tête. Pas question de continuer. Je dois retourner à ma voiture. Je fais la descente des côtes en étant très prudent et en utilisant pas mal mes freins. Je croise pleins de cycliste et j’ai le goût de m’excuser à chacun pour mon écart.

Je range mon vélo. J’ai fait presque 8 kilomètres, c’est suffisant. Je pars donc rejoindre ma blonde à la course. Il fait extrêmement chaud et je sais que demain sera difficile. Arrivé au village, je prends le temps d’étudier la zone de transition et de voir où sont les entrée et sortie pour ne pas faire comme mon dernier triathlon et partir à l’envers.
Participants du 5i50 Capitale Triathlon
C’est le temps de retourner à notre B&B pour se reposer et faire mes derniers préparatifs.

Jour de la course
Le cadran sonne, il est 4h30 (P.S. du matin). Je n’ai pas de difficulté à me lever, car j’étais déjà réveillé. Je prends une première partie de mon déjeuner en essayant le plus possible de ne faire aucun bruit, car personne d’autre n’est debout dans le gîte.
C'est tôt 5h15 du matin

Nous arrivons sur le site. Ça fourmille de monde comme s’il était midi. Je m’en vais prendre ma place dans la transition. Je croise des amis et ça fait du bien de jaser un peu. Une fois tout installé, je fais des répétitions de mes transitions. Ma blonde croit que je chante Tête, Épaule, Genoux, Orteils, car je fais tous mes gestes pour m’assurer que tout y est.

Je passe à la tente du club et j’y croise le coach qui me rassure encore une fois. Je pars pour la plage avec les milliers de personnes. On dirait un pèlerinage vers un lieu saint. Je vois pleins d’amis(es) sur la plage et on s’échange nos derniers bonne chance. Tout juste avant mon départ, je croise mon cousin. Je suis content de le voir, ça me fait plaisir de savoir qu’il est présent.

C’est maintenant à moi de faire mon entrée dans la zone de départ et c’est un départ.

Natation 

Je pars à l’arrière dans mon groupe, car je ne veux pas être pris dans une bousculade dans l’eau. Je ne regrette pas mon choix. L’eau est claire ce qui me met en confiance. Je n’ai jamais nagé 1.5km sans arrêt et en lac, mais je suis très confiant.

J’arrive au premier tournant. Wow déjà 600 mètres de fait. Je suis encore en pleine forme et je n’ai pas reçu de coup. Quelques accrochages mais sans plus. Arrive le premier obstacle, le soleil. Je l’ai directement dans les yeux. Je vois à peine la prochaine bouée. Je suis les gens puis apparait la bouée. Je me souviens du plan dans ma tête puis à la 2e bouée se sera déjà le virage pour le retour. Une fois arrivé à cette 2e bouée, je vois que les gens continuent. Je me sors la tête complète de l’eau et je vois une autre bouée. Bon ils ont décidé d’en mettre une 3e. Mais non, c’est moi qui avait mal visualisé, il y avait 4 bouées avant le second virage.

Arrivé au second virage, je vois au loin l’arche d’arrivée. Je sais que je suis capable. À environ 1km, la vague des femmes, qui est partie 8 minutes après moi, me rattrape. Je ne me fais pas trop brassé, mais il y a beaucoup de vague et je me mets à suivre les vagues et tanguer avec. Je me dis tout de suite que je dois combattre sinon je peux facilement devenir étourdis et avoir des hauts le cœur.

Quelques mètres plus loin, il y a un coup de pied qui m’arrive à quelques millimètres du visage. Le coup ne m’a pas touché, mais le retour d’eau m’a entré directement dans la bouche et j’ai pris un bouillon. En 2 secondes, je me suis tourné sur le dos pour reprendre mon souffle et mes esprits. Après quelques secondes, je repars et ce n’est pour ne jamais arrêter. Je suis content, car je vois le fond. Je lève les yeux pour voir que tout le monde marche devant moi. je suis content car l’épreuve est maintenant terminée.

Mon objectif était de faire maximum 50 minutes et j’espérais 45minutes. Je termine donc ma portion natation en 39m19.5s. C’est au-delà de mes attentes.

T1

Je pars donc en T1 confiant. Je suis « top shape ». Pour me rendre à mon vélo, j’ai une course de 600 mètres à faire. Habituellement, j’aime marcher un peu pour avoir mes pulsations au minimum à mon départ de vélo, mais aujourd’hui je sais que je suis capable, alors je cours. J’enlève mon wetsuit, met mes bas, prend une demi bar Clif, enfile mes souliers, mes lunettes et finalement mon casque. Ma petite danse du matin m’a permis de ne rien oublié et d’être efficace. Je pars à la course avec mon vélo vers la sortie.

Mon temps de transition est donc de 7m53s, je suis très satisfait.

Vélo

Voici l’épreuve que je redoute, mais je suis confiant, ça va bien aller. Je pars donc le pied au plancher pour arriver à la première côte avec une bonne vitesse. J’entends crier mon nom sur la première ligne droite et au loin le premier virage, c’est le coach qui est là. Je suis encore content de le voir.

La première côte va bien. Arrive la deuxième. Je dois me calmer un peu, car je ne terminerai pas. Je suis un peu trop excité. Arrive la première vrai côte au 4e kilomètre. Je suis essoufflé, je me demande si j’arrête pour reprendre mon souffle, je marche ou je l’attaque. Je sais que je peux hypothéquer le reste de ma course si je l’attaque. Je prends donc un 20 secondes de pause et il est très bénéfique. J’ai repris mon énergie et je repars. Je réussi même à dépasser dans la monté. Je prends donc la décision de faire des pauses lorsque je vais sentir que la machine pousse un peu trop. Je croise des coéquipiers du club, on s’encourage et il y a des gens qui cris mon nom sans que je sache qui sait.

Photo Pierre Pelletier
Je vois une tente du médic. Je me dis que ça y est je suis rendu en haut puis je vois le « turn around ». À cet instant, je sais que j’ai gagné. J’ai vaincu ma peur, car durant des mois j’ai eu cette peur de ne pas être en mesure de gravir Duplessis. Je repars donc pour la descente et cette fois, c’est avec le couteau dans les dents que je prends le chemin. Mais n’étant pas un amoureux de la vitesse, mes freins sont quand même pas mal utilisés. Sur le retour, il y une bonne montée. J’y vais avec ma stratégie d’arrêt de quelques secondes et c’est gagnant. Je repars avec de l’énergie.

J’arrive en bas et il y a de l’énergie. La foule cris et c’est repartie pour un second tour, mais maintenant je la connais. La montée se passe comme la précédente, avec 2 pauses et beaucoup d’effort. J’ai même pris le temps de jaser un peu avec Chantale, une fille de Montmagny que j’ai connu par l’entremise d’amis(es) commun.

Au environ du 31e kilomètre je suis au haut d’une côte et j’ai commencé à descendre, mais je vois un bénévole faire de grand signe. Je mets donc les freins pour ralentir. Il y a un autre cycliste environ 25 mètres devant moi et je le vois freiner brusquement et éviter de justesse un chevreuil qui traversait la route. Une chance qu’il n’y avait pas trop de cycliste à ce moment sur le parcours.

Arrivé au 38e kilomètre, je sais que c’est fini. Ça descend jusqu’à le fin, je n’ai qu’à pédaler pour rafraichir mes jambes et ne pas laisser l’acide lactique prendre le dessus.

Je souhaitais faire la partie vélo en moins de 2 heures et je rêvais à 1h45m. J’ai donc terminé cette portion en 1h43m19s. Je suis super content.

T2

Ma transition se passe rapidement. J’arrive à ma place, il y a un vélo à ma place. Je le mets donc par-dessus mes choses et ce n’est pas grave.

En enfilant mes souliers, je regarde ma seconde moitié de bar Clif et je me dis que je n’ai pas faim. Je prends mon gel seulement et je laisse mes autres gels sur place.

Je sors avec un temps de 4m13s.

Course

Ma discipline la plus facile. Rendu à ce moment, je sais que je serai « finisher ». Mais il est rendu 10:02am et le soleil brille sur nous avec aplomb. La course fût finalement ma discipline la plus difficile de la journée.
C'est partie pour la course
Le début du parcours est côteux même beaucoup plus que je ne l’imaginais. À 500m du départ, il y a une première grosse côte, mais le coach est là. Je ne peux pas déjà marcher. Ses encouragements font que je ne la sens même pas, mais les prochaines je vais les sentir. 

Au 2e kilomètre, je rencontre un gars. Il s’appelle Yan et on se met à jaser. Nous avons fait environ 1 kilomètre ensemble et encore là, ça a changé les idées. Les côtes sont revenues et puis je repars seul.

Je reçois les encouragements de Jonathan, Andréanne et Vincent. Tous des athlètes de Capitale Triathlon qui sont sur leur retour. J'arrive au 4e kilomètre et je vois au loin une personne en wetsuit, bonnet sur la tête et même avec une bouée. Je me dis que cette personne est bien motivée de porter son wetsuit à cette chaleur pour encourager les coureurs. Bien cette personne était sur le parcours pour m’encourager moi. C’était Karine qui arrivait de ça nage dans le lac Moore et elle ne voulait sûrement pas me manquer. J’étais très content de la voir sur le parcours.

Enfin le demi-tour. Il n’en reste que la moitié. Je sais que mon pace n’est pas comme je le voudrais, mais je n’abandonnerai pas. Je l’ai trop souvent fait.

Je recroise ma femme-grenouille, qui cette fois cours quelques mètres avec moi et je tire quelques larmes par ses paroles. Encore Merci Karine.

Les bénévoles sont tellement gentil. Ils encouragent et ils prennent le temps de lire notre nom pour personnaliser les encouragements. Au 6e kilomètre, il y a un policier qui fait la circulation. Je lui demande : « M. le Policier, à Mont Tremblant vous n’avez pas des routes sans côtes? » et il est partie à rire. Bon, j’ai encore toute ma tête, je fais encore des blagues. Mais aussi à ce moment que la faim me rattrape. J’ai de moins en moins d’énergie et je revois ma bar Clif et mes gels dans la transition. Je sais à ce moment que j’ai fait une erreur. Je n’ai pas suivi le plan.

Arrive le 9e kilomètre. Je l’entends de loin. Il me cris de ne pas lâcher. Arrivé à ces côté, mon cousin Éric et Lise m’encouragent. Il vient même courir avec moi pour que je garde un bon pace pour finir. 300 mètres après il me dit qu’il s’en va m’attendre à l’arrivée.

Je sais qu’il me reste une dernière bonne montée avant d’arriver dans le village. Dans le haut de la montée, je croise Jonathan qui a terminé et qui m’encourage. Lorsqu’il voit que j’arrête pour marcher, il donne ses effets à sa blonde et vient me rejoindre. Il me dit qu’il va courir avec moi.

Lorsque j’arrive enfin au village, dans le dernier droit, c’est ma blonde que je vois et j’entends. Je suis tellement heureux de la voir. Elle aussi court à mes côtés et puis c’est la dernière descente. C’est magique. Il y a du monde partout, l’énergie de la foule, j’entends mon nom, vue les gens de mon club et je sais maintenant que je suis le vainqueur. Celui de MA course.
Photo Pierre Pelletier

Je passe le fils d’arrivée et je suis tellement fier. Toute cette peur, bien je l’ai laissée derrière moi. Je sais maintenant que je peux accomplir de grandes choses.

Mon objectif pour la course était max 1h10 et j’ai fait mon 10km en 1h22m49s. C’est la seule place où je n’ai pas rencontré mon objectif. J’avais comme objectif total de faire sous les 4h. J’ai réussi avec un temps de 3h57m32s.

Après la course, dans la tente, j’étais assis à récupérer en buvant mon lait au chocolat et j’ai eu la chance que Dominique Piché vienne s’assoir devant moi. Je l’ai remercié pour toute cette organisation et je lui ai dit combien il avait des bénévoles en or.

Si cette course était mon championnat du monde, j’ai bien hâte de prendre part à mes olympiques.

Dernière petite anecdote. Lorsque je suis allé ramasser ma zone de transition, il ne restait plus grand monde et un homme est venu vers moi et m’a dit : « Hey, tu n’es pas le gars sur qui ils ont fait un reportage l’an passé? » « Je te félicite, c’est extraordinaire ce que tu viens de faire. ». C’est plaisant de voir des gens nous encourager et parfois comprendre que c’est plus qu’un triathlon que l’on vient de faire.

Merci à tous (Organisation, Bénévoles, Coéquipiers, Amis, Famille et surtout ma blonde qui a dû attendre)

Garder le sourire, ça court plus vite.


Commentaires

Publier un commentaire